Nouvelles convivialités du net
Le net favorise une communication directe, horizontale. La table ne pouvait y échapper. De nouveaux sites permettent des rencontres autour de l'alimentation et renouvellent la notion de convivialité, de tables d'hôtes, de simples échanges de bons procédés entre voisins. Ainsi une proximité d'affinités a remplacé la proximité géographique.
Vous ne supportez plus de manger seul ? Colunching.fr redynamise la notion de "table d'hôtes". Ce site créé en mars 2011 compte déjà plus de 2 000 adeptes. Vous choisissez un restaurant, une date et se joignent à vous les membres du site alléchés par cette même soirée. Rencontres inédites assurées !
Dépoussiérant l'accueil chez l'habitant, Livemyfood.com répertorie les cuisiniers amateurs qui, dans votre environnement géographique, veulent bien vous accueillir chez eux moyennant un modeste apport pécunier. Ce site regroupe 1 300 membres répartis dans plus de 80 pays.
Vous en avez assez de déjeuner de surgelés mal réchauffés au micro-ondes sur votre lieu de travail ? Connectez-vous sur Supermarmite.com ! Là aussi, grâce à la géolocalisation, des particuliers vous proposeront le surplus de leurs préparations culinaires pour des sommes modiques (5 à 6 € la portion).
Vous êtes cuisinier amateur et ne voulez pas garder pour vous seul ce magnifique bœuf miroton ? Viensmangeralamaison.fr est fait pour vous ! Des invités, connus ou inconnus, apportent le vin ou le dessert et se joignent à vous contre participation financière. « Car, comme l’explique le fondateur du site, Frédéric Crigny, il ne peut tout de même pas inviter gratuitement toute la France à manger… »
A ces nouvelles convivialités du net répondent la mode des émissions de télévision qui, de "Masterchef" (TF1) à "Un Dîner presque parfait" (M6), mettent en scène l'acte culinaire, valorisent ce qui était considéré, il n'y a pas encore longtemps comme un mode d'"aliénation de la femme". Cuisiner est redevenu un acte valorisé et valorisant. Plus le quotidien s'inscrit dans un registre virtuel, plus on se raccroche à des valeurs tangibles, palpables, qui s'inscrivent dans un présent, dans une présence réelle. Eplucher, cuisiner, préparer une table, recevoir, sont des actes qui maîtrisent le temps. La cuisine est un acte de main mise sur le temps. On pourrait appeler cette tendance de fond, le "syndrome de 'c'est moi qui l'ai fait !' ".
Quand on ne peut plus maîtriser le monde, on essaie de maîtriser ce qui se trouve dans son assiette, cette assiette, métonymie du monde, équivalent à la maîtrise d'un "mini-monde", d'un "mini-moi".